L'appelation arte Povera
fut créée par le critique d'art Germano
Celant à l'occasion de l'expositon " Arte Povera in spazio "
à la galerie Bertesca à Gênes en 1967.
Alighiero Boetti, Luciano Fabro, Jannis Kounellis, Giulio Paolino,
Pino Pascali, Emilio Prini sont présents autour d'un projet commun
: produire des ouvres immédiatement intelligibles grâce au "caractère
empirique et non spéculatif du matériau" (G. Celant, Precronistoria,
1976, p.33).
Aucune déclaration de principe, aucun manifeste à proprement
parler ne président pourtant au lancement du mouvement. Les deux
textes que l'on peut considérer comme fondateurs sont d'une part
la préface de Celant à l'exposition de la Bertesca, d'autre part
les "Notes pour une guerilla" ("Appunti per una guerriglia") qu'il
fit paraître peu de temps après dans la revue Flash Art.
Germano Celant s'explique sur son choix du qualificatif de "pauvre"
en en justifiant l'emprunt tant au vocabulaire du théâtre de Grotowski
ou d'Artaud qu'à la pensée psychanalytique de Jung ou aux philosophie
orientale. "La pauvreté, écrit-il, dans ce contexte doit être comprise
comme un dépouillement volontaire des acquis de la culture pour
atteindre à la vérité originaire du corps et de ses perceptions".
Arte Povera participe pleinement de l'utopie contestataire de la
fin des années soixante et revendique à sa manière une tendance
de l'art contemporain italien face à la suprématie du marché de
l'art américain. Il s'agit d'exister face au USA qui viennent, avec
le grand prix de Rauschenberg à la biennale de Venise de 1964, de
concrétiser leur domination sur la scène européenne.
Quoique constitué en groupe, les artistes de l'Arte povera forment
un ensemble très disparate. S'ils partagent le même souci tant de
rétablir un contact direct avec des matériaux naturels que de favoriser
l'échange entre des polarités énergétiques contrastées, ils en appellent
à une incroyable diversité de moyens et recourent chacun à des pratiques
distinctes qui définissent leur style. Un même chorus en quelque
sorte, mais jamais la même voix, ni le même timbre, ni le même accent.
Extraits de textes de Philippe Piguet, de Didier Semin, C. Georges
Pompidou, ... |