Paris, Editions La Différence, 2003, reliure cartonnée illustrée sous étui, 408 pp., (27,8 x 29,8 cm).
Collection « Mains et merveilles ».
240 illustrations couleur.
Texte de Alain Bonfand.
"C’est en Afrique, en Angola, qu’à la fin des années soixante, naît dans l’esprit de José de Guimarães le projet de cet alphabet total qui saurait retenir le flux de la vie, consigner et articuler non des objets, mais des vécus, des « puissances ». Certainement, les circonstances de sa vie, la situation culturelle du Portugal à l’égard de ses colonies, ne sont pas étrangères à ce projet d’alphabet universel. Car le rapport à ses colonies n’est pas resté pour le Portugal simple affaire de richesses et de domination, mais aussi celui d’un réel syncrétisme culturel bien illustré par les ivoires afro-portugais. Aussi, lorsque José de Guimarães arrive en Angola pour son service militaire en 1967, il n’adopte pas le comportement des artistes occidentaux qui ont durant tout le XXe siècle été influencés par l’art Africain. C’est un syncrétisme voulu, entre sa culture portugaise et la culture africaine (puis plus tard dans son œuvre, avec toutes les cultures qu’il rencontrera) que José de Guimaraes fera sien en Afrique. Il opère selon deux figures. La première et la plus manifeste est la pratique qui consiste à analyser le réel en signes : le corps humain notamment sera pour ainsi dire découpé en éléments détachables et recomposables, à la manière des pièces d’un jeu de construction, des lettres d’un alphabet, tout comme la statuaire africaine en détache, ordonne et articule les volumes. La seconde présente un caractère plus abstrait. La peinture de José de Guimarães est à sa façon un empire, non plus l’empire colonialiste, mais un empire sémantique étendu sur tout le champ d’un imaginaire à l’état naissant, dérivant au fil du « flux des vécus ». C’est au long de ce flux que l’empire de José de Guimarães tente sans cesse de s’ancrer."
Extrait du texte d'Alain Bonfand. Note de l'éditeur.
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