"Joan HERNANDEZ PIJUAN a participé à toutes les aventures conflictives de l'art de notre temps. Bien qu'il utilise le langage de de l'art abstrait, il n'a jamais perdu, dans son oeuvre, le contact avec le monde réel. De l'expressionnisme lyrique de ses débuts, il passe rapidement à une poétique mathématique dans laquelle des objets aux formes courbes (verres à pied, oeufs) et des éléments naturels (arbres, champs) apparaissent sur un espace plan, souvent animé par des signes suggérant des mesures et des rapports numériques. (...)
Avec son style tout plein de discrétion et d'une exactitude silencieusement exposée, HERNANDEZ PIJUAN reprend cette leçon moderne qui commence avec CEZANNE : doner au paysage des lois qui peuvent l'arracher à la condition d'environnement qu'il avait jusqu'alors. (...)
HERNANDEZ PIJUAN a traversé les années conceptualistes comme des années consacrées à courir ce risque. Il aurait pu très facilement, et avec succès, continuer dans cette expression-là, si élégante, si mesurée, et y rester. Mais il a échappé au piège, dans une sorte de sursaut, et au prix de l'effondrement de son passé. Mais ce prix qu'il a payé, il ne l'a payé que pour mieux revenir à l'image concrète de ce passé autrement aboli. Et ce sont les paysages de sa terre qui ont émergé. (...)"

Remo Guidieri (Editions Cercle d'art, 1992).